Une décennie peut faire toute une différence en matière de médicaments et d’autres traitements médicaux, Pensons par exemple à l’hormonothérapie – ou plutôt n’y pensons pas – pas avant de connaître les derniers faits basés sur les plus récentes données de la recherche.
L’hormonothérapie pour les femmes ménopausées consiste à prendre des doses prescrites d’œstrogène ou d’une combinaison d’œstrogène et de progestérone afin de pallier la baisse de leur taux qui diminue de façon typique au cours de la ménopause (1). Cela aide à soulager les symptômes associés à la ménopause, comme les démangeaisons, la sécheresse de la peau, les redoutées bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes (1). Rappelons la publicité à la télé où une femme marche péniblement dans sa cour arrière pendant une tempête de neige pour retirer la housse de protection du climatiseur ? Pas si drôle pour celles qui ressentent sa détresse !
On croyait aussi que l’hormonothérapie aidait à protéger contre certains graves problèmes de santé liés à l’âge comme les maladies cardiaques (2). Puisque les femmes sont exposées à un plus grand risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC) après la ménopause (2), cela semblait être le bon moment d’utiliser les hormones pour réduire à la fois les symptômes de la ménopause et les problèmes cardiaques. Ça ne peut pas nuire, pas vrai ?
En fait, il s’avère que cela peut être nuisible. Au cours des dernières 10 – 15 dernières années, plusieurs études de grande échelle ont porté sur l’impact de l’hormonothérapie, y compris une étude effectuée dans le cadre de l’Initiative sur la santé des femmes (Women’s Health Initiative), une étude à long terme basée aux É-U (3). Les résultats de cet essai clinique aléatoire remettent en cause des hypothèses longtemps admises, en montrant que non seulement l’hormonothérapie n’exerce aucun effet protecteur bénéfique sur la santé cardiaque, mais qu’elle peut en fait augmenter pour certaines femmes le risque de maladie cardiaque (3).
Depuis ce temps, un plus grand nombre d’études ont été menées dans le but de confirmer ou de réfuter ces conclusions susceptibles de changer la donne (4). Une mise à jour réalisée en 2015 d'une revue systématique recensait les résultats de six nouvelles études pour un total de 19 essais contrôlés randomisés de haute qualité impliquant plus de 40400 femmes ménopausées (2). On a prescrit l’hormonothérapie à environ la moitié d’entre elles – soit l’œstrogène seul soit l’œstrogène en combinaison avec la progestérone – et on les a comparé avec des femmes dans les groupes témoins qui n’ont reçu aucun traitement ou un placebo.
Ce que la recherche nous apprend
La revue critique a trouvé que l’hormonothérapie ne réduit pas le risque de mourir d’une maladie cardiaque pour les femmes postménopausées. On a constaté que l’hormonothérapie accroît par un faible degré le risque d’accident vasculaire cérébral, de caillots dans les bras ou les jambes (thromboembolie veineuse) et de caillots dans les poumons (embolie pulmonaire) (2). Par exemple, l’accroissement du risque d’AVC serait 6 pour 1 000 femmes – en d’autres mots, 165 femmes seraient traitées avant qu’un accident additionnel ne survienne.
De plus, une nouvelle revue systématique de 2017 évaluant 22 essais contrôlés randomisés a démontré que l'hormonothérapie combinée augmentait le risque de crise cardiaque entre 3 et 7 pour 1000 personnes et le risque de caillots sanguins entre 4 et 11 pour 1000 personnes. Les risques d'AVC, de cancer du sein, de maladie de la vésicule biliaire et de mortalité par cancer du poumon ont tous augmenté avec l'utilisation de l'hormonothérapie combinée (5).
Est-ce que cela signifie que toutes les femmes devraient éviter l’hormonothérapie ? Pas nécessairement, Pour certaines, les bénéfices (le soulagement des symptômes de la ménopause) peuvent l’emporter sur les risques qui varient selon l’âge, l’état de santé général, le temps passé depuis la ménopause et d’autres facteurs liés à la santé ou au style de vie (2). En fait, les jeunes femmes et celles qui sont ménopausées depuis peu montrent un risque légèrement plus faible de mourir ou d’avoir une maladie cardiaque quand elles utilisent l’hormonothérapie. Elles sont cependant toujours exposées à un risque élevé de caillots et d’AVC.
Pour le moment, l’hormonothérapie n’est pas recommandée en général pour prévenir les maladies cardiaques.
De telles études soulignent l’importance de collaborer avec le médecin et de compter sur des informations récentes, complètes et précises – y compris sur les effets indésirables ou les dommages potentiels – avant de commencer une nouvelle médication, une thérapie ou une procédure.
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