Les statistiques sur la démence sont à la fois stupéfiantes – elles touchent près de 36 millions de personnes dans le monde entier – et elles donnent à réfléchir, car ce nombre continuera d’augmenter dans les prochaines années à mesure que la population vieillit (1). Dans les stades avancés, des symptômes comme l’agitation, l’agressivité et l’errance sont la principale raison pour lesquelles les gens sont admis dans des centres de soins de longue durée (2) où à leur tour, ces mêmes symptômes sont les principales causes de stress et de surmenage pour le personnel soignant (3).
Au Canada, près de 50 % des femmes vivant dans des établissements de soins de longue durée et 37 % des hommes dans les mêmes circonstances ont une forme quelconque de la maladie (4). Cette prévalence a amené des changements dans les soins traditionnels pour mieux répondre aux besoins des patients. Une approche – les soins centrés sur la personne – vise à créer un environnement positif, plus respectueux qui met l’accent sur les capacités, les habitudes, les intérêts et les souhaits des individus. Jusqu’ici, c’est très prometteur : les soins centrés sur la personne semblent entraîner entre autres avantages, moins d’agressivité, moins de chutes et une participation accrue aux activités (5). Mais comment cela affecte-t-il les soignants et la façon dont ils accomplissent leurs responsabilités et voient celles-ci ? Cela entraîne-t-il plus ou moins de stress au travail ?
Ce sont des considérations importantes en raison des liens étroits entre les patients atteints de démence et leurs aidants. Les soins centrés sur la personne peuvent être une approche privilégiée, mais si les soignants se sentent épuisés, ces sentiments affecteront négativement la prestation de soins (6). Une revue systématique récente est censée être la première à traiter l’impact des soins centrés sur la personne sur le personnel qui dispensent les soins (7). Sept études ont été incluses dans l’analyse et les participants – des membres du personnel soignant dans des établissements de soins pour bénéficiaires internes – ont reçu une formation approfondie sur la meilleure façon d'interagir avec les patients. Par exemple, les approches axées sur les émotions incluent la thérapie de réminiscence et d’autres moyens d’améliorer l’humeur et l'estime de soi, alors que les approches axées sur la stimulation encouragent la participation et l’engagement social au moyen d’activités comme l’art, la musique et la danse.
Ce que la recherche nous apprend
Bien qu’il existe des limites à la revue systématique, y compris une quantité limitée de données probantes, la plupart des études montrent des résultats positifs avec les employés relevant moins de stress, d’épuisement et d'insatisfaction à l'égard de l'emploi, mettant en lumière les avantages potentiels des soins centrés sur la personne pour les aidants. Des études plus approfondies sur cet aspect important du traitement de la démence s'imposent. Pendant ce temps, on suggère que les rapports positifs soient attribuables à la formation et l’éducation que le personnel a reçues et qui leur a permis de mieux communiquer avec les patients et de vivre une expérience de travail plus gratifiante.