Ce n’est probablement pas grave - mais passer un test diagnostique apaisera-t-il votre esprit ?

Les messages clés

  • Un nombre important de consultations chez les médecins de famille et les spécialistes se font en raison de symptômes qui ne sont pas liés à une quelconque maladie apparente.
  • Malgré le faible risque d’une affection grave, les médecins prescrivent des tests diagnostiques, croyant qu’ils apaiseront les craintes de leurs patients.
  • Les études montrent, cependant, que ces tests ne rassurent pas les patients, ne réduisent pasleur anxiété ni ne diminuent leurs symptômes.

Peut-être cela vous est-il déjà arrivé... vous vaquez à vos occupations lorsque vous ressentez quelque chose d’inhabituel : un malaise, une douleur, une démangeaison, une éruption cutanée. Peut-être n'arrivez-vous pas encore à le définir clairement, mais il y a certainement quelque chose de différent. Très probablement ce n’est rien de grave. Mais- et une fois que l'idée fait son chemin dans votre esprit, il est impossible de l’ignorer – et si c’était ... ? !

Vous vous demandez si vous devriez consulter le médecin. Vous hésitez cependant à entreprendre des consultations multiples avec des médecins et vous êtes encore moins enclin à vous soumettre à des tests diagnostiques pénibles, mais au bout du compte vous pensez que ça en vaut la peine. Après tout, n’est-il pas préférable de pécher par excès de prudence ? Si les résultats des tests sont normaux, cela soulage votre esprit  et vous empêche de stresser et de vous inquiéter davantage. N'est-ce pas ? Eh bien, pas forcément !

L'objectif d'une revue systématique récente visait à savoir si les patients dans des situations comme celle que nous venons de décrire ci-dessus étaient en effet rassurés après avoir subi des tests diagnostiques. L’étude a examiné les résultats de 14 essais cliniques aléatoires comptant sur plus de 3 820 personnes âgées de 32 à 62 ans (1). Toutes souffraient d’un symptôme physique quelconque (par exemple des douleurs lombaires, des maux de tête), mais aucune ne courait le risque d’une affection grave. Les tests diangostiques évalués comprenaient des radiographies, des IRM, des examens tels que des coloscopies, ainsi que des examens complémentaires permettant d’évaluer la fonction cardiaque.

Ce que nous dit la recherche

Les études ont montré que dans le court terme (à moins de trois mois de tests) et dans le long terme (jusqu'à 18 mois), les tests diagnostiques n’ont rien fait pour réduire les craintes du patient ou son anxiété face à une éventuelle maladie. La durée des symptômes n'avait aucun impact sur cette constatation. Faire passer un test diagnostique peut diminuer le nombre de visites supplémentaires chez le médecin, cependant la preuve est faible.

Les résultats de l’étude peuvent avoir des répercussions importantes sur les pratiques futures en matière de soins de santé. Actuellement, environ 17 % des visites du médecin, et plus d’un tiers des aiguillages vers des spécialistes, se font pour des symptômes qui ne sont pas causés par une maladie grave (2). Dans de tels cas, les professionnels de la santé doivent déterminer si les tests diagnostiques sont justifiés (3) et en tenant compte des avantages et des inconvénients, prescrivent souvent des tests diagnostiques croyant qu’ils vont ainsi rassurer les patients (4).

Donc si vous remarquez un symptôme inhabituel, ne l’ignorez pas, mais pas de panique ! Consultez votre médecin et suivez ses conseils avant d'assumer que vous devez subir une batterie de tests diagnostiques.


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Références

  1. Rolfe A, Burton C. Reassurance after diagnostic testing with a low pretest probability of serious disease: systematic review and meta-analysis. JAMA Intern Med. 2013; 173:407-16.
  2. Van der Weijden T, Van Velson M, Dinant GJ, et collab. Unexplained complaints in general practice: prevalence, patients’ expectations and professionals’ test-ordering behavior. Med Decis Making. 2003; 23:226-231.
  3. Salmon P, Humphris GM, Ring A, et collab. Primary care consultations about medically unexplained symptoms: patient presentations and doctor responses that influence the probability somatic intervention. Psychosom Med. 2007; 69:571-577.
  4. Ring A, Dowrick C, Humphris G, et collab. Do patients with unexplained physical symptoms pressurize general practitioners for somatic treatment? A qualitative study. BMJ. 2004; 328:157.

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